
La ville de Kaga-Bandoro, située dans la préfecture de la Nana-Grébizi en République centrafricaine, s’apprête dans peu de jours à accueillir en différé et après plusieurs report la Journée Mondiale de l’Alimentation JMA mais elle fait face à de nombreux défis sécuritaires depuis des années. Cette région, comme d’autres zones du pays, est marquée par des conflits internes, la présence de groupes armés et des tensions intercommunautaires.
Enjeux sécuritaire et logistique.
Les enjeux de sécurité dans cette ville ont un impact majeur sur la vie quotidienne de ses habitants, qui souffrent d’instabilité, de violences et de déplacements fréquents.
Présence de groupes armés, l’un des défis majeurs de la sécurité à Kaga-Bandoro est la présence de plusieurs groupes armés. Depuis le début de la crise en République Centrafricaine en 2013, plusieurs factions rebelles, comme la Séléka et les Anti-balaka, ont pris racine dans la région. Ces groupes, souvent en quête de contrôle territorial et de ressources, mènent des actions violentes contre les populations civiles et s’affrontent régulièrement. Cela rend la sécurité très instable, d’autant que ces groupes armés imposent souvent des taxes illégales et menacent les commerçants et les habitants pour financer leurs activités.
La coexistence entre différentes communautés, notamment entre chrétiens et musulmans, est tendue depuis des années à Kaga-Bandoro. Les violences intercommunautaires, exacerbées par des conflits d’intérêts économiques et des manipulations politiques, renforcent les divisions sociales. Cela conduit à des cycles de représailles entre les groupes, rendant difficile l’établissement d’une paix durable. Les populations locales vivent dans une peur constante, et cette méfiance généralisée mine les efforts de réconciliation et de cohésion sociale.
Les forces de maintien de la paix des Nations Unies, notamment la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique), sont présentes dans la région pour tenter de stabiliser la situation. Cependant, elles font face à de nombreux obstacles. Leur mandat est souvent limité par des règles strictes, et elles sont parfois sous-équipées ou en sous-effectif pour répondre efficacement à tous les besoins sécuritaires. Les attaques ciblées contre les soldats de la MINUSCA par des groupes armés compliquent également leurs missions, rendant la situation encore plus délicate.
Insuffisance de l’autorité étatique et la dégradation avancée de la route.
Le manque de présence et de contrôle de l’État dans cette région est un facteur clé des problèmes de sécurité à Kaga-Bandoro. Le gouvernement central n’a pas la capacité suffisante pour rétablir l’autorité et le contrôle sur l’ensemble du territoire national. En l’absence de forces de sécurité bien formées et bien équipées, les forces rebelles profitent de cette situation pour étendre leur influence. La police et l’armée sont souvent absentes ou faiblement présentes, ce qui laisse les populations à la merci des milices et des groupes armés.
L’insécurité persistante a entraîné des déplacements massifs de populations. Les habitants de Kaga-Bandoro et des zones environnantes fuient régulièrement les violences pour se réfugier dans des camps de déplacés. Cependant, ces camps eux-mêmes ne sont pas toujours sûrs, car ils sont parfois attaqués par des groupes armés. Ces déplacements répétés, combinés à l’insécurité alimentaire et aux difficultés d’accès aux services de base, aggravent la crise humanitaire dans la région.
Aussi la dégradation avancée de la route surtout en cette saison pluvieuse rend encore difficile l’organisation de cette JMA dans la localité. Même l’axe est en réhabilitation, cependant les travaux avancent très lentement. Mais dans un rapport d’une mission revenu de la semaine passée, elle a apprécié les travaux a sa juste valeur et indique que ce facteur ne peut pas être la source d’un report une fois de plus.
L’optimisme du gouvernement et des partenaires pour la réussite de l’événement.
Malgré ces nombreux défis, des efforts sont faits pour rétablir la paix dans la région de Kaga-Bandoro. Des initiatives de dialogue intercommunautaire sont mises en place, avec le soutien des organisations locales et internationales, pour tenter de restaurer la confiance entre les différentes communautés. Par ailleurs, les autorités nationales, avec l’appui de la MINUSCA et de partenaires internationaux, tentent de relancer les services publics et de renforcer la présence de l’État dans la région.
Tout en restant confiant de la réussite de l’événement dans la localité, le gouvernement a multiplié ses efforts pour regagner la confiance de la population de cette localité épris de paix et longtemps souffert. Cependant, ces efforts sont souvent compromis par la fragilité des infrastructures et le manque de moyens financiers.
La situation sécuritaire à Kaga-Bandoro demeure préoccupante, car elle est le résultat d’une combinaison de facteurs complexes, incluant la présence de groupes armés, l’absence de l’autorité étatique et des tensions intercommunautaires profondes. Pour améliorer la sécurité dans cette région, il est nécessaire d’augmenter les efforts de dialogue et de réconciliation, de renforcer l’autorité de l’État et de promouvoir une meilleure intégration des populations locales. Cependant, ces solutions nécessitent un soutien international et un engagement de longue durée pour être durables.
Par Bélisaire Dorval SAHOUL. (RAVOCI)