
À Kaga Bandoro, dans la préfecture de la Nana-Gribizi en République centrafricaine, l’éducation reste un défi de taille. Les enseignants se heurtent à une réalité complexe : le manque de contribution des parents dans le processus éducatif de leurs enfants. Une situation exacerbée par la pauvreté qui pousse de nombreuses familles à privilégier les activités génératrices de revenus au détriment de la scolarisation.
Selon Love Ludovic Symphorien MALEKATCHA, directeur de l’école Bakouté, cette situation est alarmante : « Les parents ne sont pas conscients de l’importance de l’éducation pour l’avenir de leurs enfants. Nous continuons de les sensibiliser sur la nécessité de scolariser leurs enfants, mais les défis restent nombreux. Nous manquons de points d’eau, de matériels didactiques, et surtout d’enseignants qualifiés. » Il lance un appel vibrant au gouvernement pour une meilleure prise en charge des écoles situées en milieu rural.
Le problème est encore plus préoccupant pour les jeunes filles, souvent les premières victimes des inégalités éducatives. Le taux d’analphabétisme chez cette catégorie reste très élevé. Par manque de moyens financiers, de nombreux parents préfèrent garder leurs filles à la maison ou les impliquer dans des tâches domestiques et des activités économiques, au lieu de les envoyer à l’école.
Pour beaucoup, les jeunes filles sont destinées au foyer plutôt qu’à une carrière académique. Cette mentalité entrave leur éducation et limite leur avenir. Madame GONINGAFO Agnès, enseignante et membre d’une association de lutte contre l’analphabétisme, témoigne : « Les parents utilisent souvent leur précarité comme argument pour empêcher les filles d’aller à l’école, alors qu’ils pourraient subvenir aux besoins scolaires et alimentaires avec un peu plus d’efforts. Nous menons un combat acharné pour changer cette perception et lutter contre l’analphabétisme à Kaga Bandoro. »
Le manque d’enseignants qualifiés aggrave davantage la situation, freinant la qualité de l’éducation dispensée dans la région. En l’absence d’un système éducatif robuste et bien structuré, les initiatives locales peinent à combler les lacunes, ce qui contribue à perpétuer le cercle vicieux de l’analphabétisme.
Malgré les efforts fournis par le gouvernement centrafricain pour améliorer le système éducatif, les résultats tardent à se faire sentir dans des zones reculées comme Kaga Bandoro. Il est crucial que des actions concrètes soient entreprises pour : Sensibiliser davantage les parents sur l’importance de l’éducation, notamment celle des filles, renforcer les infrastructures scolaires, en dotant les écoles de matériels didactiques et de points d’eau, former et recruter davantage d’enseignants qualifiés, mettre en œuvre des politiques adaptées pour encourager la scolarisation des filles.
L’éducation est un levier essentiel pour le développement durable de la République centrafricaine. Il est impératif que toutes les parties prenantes, du gouvernement aux organisations locales, en passant par les communautés, se mobilisent pour relever ce défi à Kaga Bandoro et dans l’ensemble du pays.
Photo : Ornella Gloire MBAGNA (RAVOCI)
Par : Sandra Divine MOSSENENGALI (RAVOCI)