La Journée internationale des enfants soldats est célébrée ce 12 février à travers le monde. En République Centrafricaine (RCA), pays marqué par des années de crise militaro-politique, le phénomène des enfants enrôlés de force dans les groupes armés reste une réalité préoccupante. Plusieurs organisations nationales et internationales redoublent d’efforts pour lutter contre cette pratique et assurer la réinsertion de ces enfants dans la société. L’UNICEF estime qu’en 2014, environ 250 000 enfants-soldats étaient utilisés dans des conflits à travers une vingtaine de pays. Cette journée vise à sensibiliser la communauté internationale à cette tragédie et à encourager les actions en faveur de ces enfants victimes. Ils sont souvent contraints de se battre, mais aussi de servir d’espions, de cuisiniers, de porteurs ou encore d’esclaves sexuels.
En Centrafrique, le thème national retenu cette année est : « Mobilisons-nous pour le respect du protocole d’accord sur le transfert des enfants sortis des forces et groupes aux autorités civiles. » Un message fort qui insiste sur la nécessité d’assurer une prise en charge adaptée aux ex-enfants soldats pour leur permettre de reconstruire leur vie.
Donald NZI-ADOUM, Coordonnateur de l’ONG Centre pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Enfant (CPDE), rappelle que ces enfants doivent être considérés avant tout comme des victimes. Il souligne l’importance de leur protection et des sanctions prévues contre ceux qui continuent de les exploiter : « Ces enfants n’ont pas choisi cette vie. Il est du devoir de tous, y compris des autorités, de leur offrir un avenir meilleur et de punir sévèrement les responsables de ces crimes. »
Une des victimes de cette crise à Bambari dans la OUAKA, sous l’anomimat a expliqué avec beaucoup de peine tous ce qu’il a subit. Sa voix, encore marqué par la peur, il raconte son histoire : « Ils ont tué des adultes et ont pris les enfants. Moi, on m’a appris à me battre. J’ai vu des amis mourir à côté de moi. Aujourd’hui, j’essaie d’oublier, mais c’est difficile. Je n’ai jamais voulu de cette vie, j’y suis sorti à la première occasion. Malheureusement plus personne ne nous fait confiance pour nous donner du travail, pire quand on marche dans les rues, on est stigmatisés. »
Dans son discours à l’occasion de cette journée, la Ministre de la Promotion du Genre, de la Protection de la Femme, de la Famille et de l’Enfant Marthe Augustine KIRIMA a révélé qu’en Centrafrique, environ 21 000 enfants ont été recrutés par des groupes armés, subissant des traumatismes physiques et psychologiques. Le gouvernement a mis en place plusieurs mesures pour y remédier, notamment l’Accord Politique de Paix et de Réconciliation (APPR) signé avec les groupes armés ; le Code de protection de l’enfant (2020) aligné sur les conventions internationales ; un programme pilote de réintégration avec l’UNICEF ; le renforcement des capacités des forces de défense sur la protection des enfants. La Ministre a également exprimé la gratitude du gouvernement envers les partenaires techniques et financiers engagés dans cette lutte et a appelé à une mobilisation collective pour permettre à ces enfants de retrouver leur place dans la société.
Si des progrès ont été réalisés, la situation des enfants soldats en Centrafrique et dans d’autres pays du monde reste alarmante. La réinsertion de ces enfants passe par un accompagnement psychologique, éducatif et professionnel afin qu’ils puissent tourner la page du passé et se reconstruire. La mobilisation des autorités, des ONG et des citoyens reste essentielle pour garantir à ces enfants un avenir loin des armes et de la violence.
Crédit photo: lebledparle.com
Par Marius SEMBOLI (RAVOCI)
