
La consommation de liqueurs frelatées prend de l’ampleur au sein de la jeunesse centrafricaine ces derniers temps. Pourtant, un arrêté gouvernemental interdit leur importation et leur commercialisation sur le marché. Face à cette situation, une question se pose : quelles peuvent être les conséquences de ces boissons contrefaites sur la santé des consommateurs ?
En parcourant certaines rues de Bangui, nous avons découvert un petit cabaret niché au coin d’une maison à Lypia III, dans le quartier Gobongo du 8ᵉ arrondissement, connu sous le nom de « Ndo ti Omba ». Ici, hommes, femmes et même jeunes s’y retrouvent pour consommer divers alcools : Vitesse, Kampo, Ngouli ou encore le vin de palme, appelé Kangoya. Dieudonné Kando, l’un des habitués, confie qu’il préfère particulièrement la liqueur locale, le Ngouli.
Nous avons poursuivi notre enquête en nous rendant au cabaret La Verdure, situé à proximité du marché de Gobongo. L’ambiance y est similaire. Une foule de jeunes, munis de bouteilles en plastique remplies d’un liquide blanc, s’adonnent à la consommation du vin de palme. Marcelin Kamandai, l’un des consommateurs, affirme qu’il ne peut passer une journée sans en boire.
Mais quelles sont les conséquences de la consommation excessive de ces alcools frelatés sur la santé ? Le Dr Oscar Tounoussa, médecin-chef à la clinique Proximité de Gobongo, nous éclaire sur les dangers qu’ils représentent. Selon lui, ces boissons contiennent souvent du méthanol, un produit hautement toxique qui peut provoquer des troubles neurologiques, une cécité irréversible, voire la mort en cas d’intoxication sévère. « Nous recevons régulièrement des patients souffrant de douleurs abdominales aiguës, de vomissements ou encore de troubles de la conscience liés à l’ingestion de ces alcools de mauvaise qualité », alerte-t-il. Le médecin insiste également sur le risque d’accoutumance et d’atteintes hépatiques graves pouvant conduire à la cirrhose.
Toutefois, une autre question demeure : comment ces produits continuent-ils d’inonder le marché de Bangui alors qu’un arrêté interministériel, signé en 2010, interdit leur importation, leur vente et leur consommation ? Un mystère qui interpelle et appelle à une vigilance accrue des autorités compétentes.
Par Gypson Elfège NGONZON (RAVOCI)