
Le 21 juin 2025, la République centrafricaine s’est jointe à la communauté internationale pour célébrer la Journée mondiale de la musique. À Bangui, c’est l’Alliance Française qui a servi de cadre à une soirée festive et symbolique, rassemblant artistes, mélomanes, promoteurs culturels et autorités autour de la musique, cette langue universelle qui transcende les frontières et les différences. La Fête de la musique a permis de mettre en lumière le talent des artistes centrafricains, mais aussi de soulever des enjeux cruciaux pour l’avenir de la culture dans le pays.
L’un des points saillants de cette journée a été la question des droits d’auteurs, véritable talon d’Achille de la profession artistique en Centrafrique.
Pour Alex Ballu, promoteur culturel bien connu à Bangui, les choses évoluent enfin dans le bon sens. Il salue les efforts du gouvernement, affirmant que : « Les droits d’auteurs, le texte était déjà passé à l’Assemblée nationale, tous les députés ont applaudi et ont voté ça. Le chef de l’État a pu honorer ce texte. Il n’y a pas loin que deux jours, la ministre des Arts, de la Culture et du Tourisme a réuni les acteurs, les ayants droit pour les informer que bientôt on va ressusciter le Bureau Centrafricain des Droits d’Auteurs. Parce que les droits d’auteurs, c’est le salaire de l’artiste, et c’est important. On joue les chansons des artistes dans les bars, les boîtes de nuit, les entreprises, les télévisions, sans contrepartie. » Ces avancées législatives marquent une étape importante pour la reconnaissance des artistes et la professionnalisation du secteur musical en RCA.
Au-delà de la question des droits d’auteurs, la Fête de la musique a aussi mis en exergue un autre enjeu fondamental : celui de l’identité musicale. Selon Yvon Eka, conseiller économique, social et environnemental et promoteur culturel, la Centrafrique peine encore à affirmer une signature musicale propre : « Je peux dire que nous n’avons pas eu d’identité culturelle, c’est une réalité. C’est vrai, nous avons des rythmes qui nous sont propres, mais ils ne sont pas valorisés. Du moment où ces rythmes ne sont pas mis en avant, on ne peut pas prétendre à une reconnaissance. Quand un artiste centrafricain joue à l’extérieur, on ne sait pas forcément qu’il vient de chez nous, parce que notre identité musicale n’est pas mise en valeur. On ne va pas se voiler la face : nous n’en avons pas, ni sur le plan national, ni à l’international. »
Ce constat lucide appelle à une véritable prise de conscience collective et à une politique culturelle plus audacieuse, capable de structurer et de promouvoir les richesses musicales du pays. La musique reste un outil essentiel de rassemblement, d’expression et de paix. La Fête de la musique, au-delà de sa dimension festive, a rappelé le rôle central des artistes dans la construction d’une société plus juste, plus unie et plus rayonnante.
La mobilisation à l’Alliance Française de Bangui témoigne d’un dynamisme culturel réel, que les pouvoirs publics et les acteurs privés doivent continuer à accompagner. Car célébrer la musique, c’est aussi reconnaître sa valeur économique, identitaire et sociale dans le développement du pays.
Par la rédaction RAVOCI