
Depuis le 21 juin, la République centrafricaine vit au rythme d’une série de rumeurs persistantes concernant l’état de santé du président Faustin Archange Touadéra. Ce climat d’incertitude, alimenté par des informations contradictoires et des spéculations virales sur les réseaux sociaux, met en lumière l’impact des rumeurs sur l’opinion publique et les limites de la communication officielle en temps de crise.
Tout est parti de messages anonymes diffusés sur WhatsApp et Facebook, affirmant que le chef de l’État aurait été évacué d’urgence à Bruxelles à bord d’un jet médicalisé. L’information a rapidement fait le tour de Bangui, d’autant que le président était attendu le 23 juin à Luanda pour un sommet États-Unis–Afrique, sans qu’il n’y fasse finalement d’apparition.
L’absence de communication officielle immédiate a laissé la place aux spéculations les plus diverses : certains parlaient d’un malaise cardiaque, d’autres évoquaient un AVC ou une dégradation soudaine de sa santé. Dans un pays où la santé des dirigeants est souvent entourée de mystère, l’imaginaire collectif s’est vite emballé.
Face à la montée des rumeurs, le gouvernement, par la voix de son porte-parole Maxime Balalou, a tenu à clarifier la situation lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Il a indiqué que le président s’était rendu à Bruxelles pour un plaidoyer en faveur de Gavi, l’Alliance mondiale pour les vaccins, et qu’il avait anticipé son départ pour un simple check-up médical de routine. « Il est aussi un être humain », a-t-il déclaré, tentant ainsi de rassurer la population.
De son côté, le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution du 30 Mars (BRDC) a réagi dans un communiqué en formulant des vœux de prompt rétablissement au président. Toutefois, il a dénoncé l’attitude du porte-parole du gouvernement, qu’il accuse de « travestir la vérité », alors que, selon le bloc, l’information aurait été relayée par de grands médias internationaux.
« Le président de la République est une institution. Son état de santé intéresse au plus haut point le peuple centrafricain, car il est la clef de voûte du fonctionnement de l’État », a souligné le BRDC, condamnant une posture jugée irresponsable.
Dans de nombreux pays, dès que le silence officiel s’installe, les rumeurs sur la santé des dirigeants deviennent virales. Elles traduisent à la fois une anxiété collective et une soif de vérité, souvent nourries par un déficit chronique d’information fiable. Pour restaurer la confiance du public, une parole officielle claire, cohérente et prompte est essentielle. Car dans un monde connecté en permanence, la gestion stratégique de l’information est devenue un enjeu politique à part entière.
Par la rédaction RAVOCI