
À l’occasion de la célébration de la Journée internationale de l’aide humanitaire, l’Office de Coordination de l’Aide Humanitaire (OCHA) a organisé une conférence de presse pour présenter le rapport de ses activités en Centrafrique. Cette rencontre a rassemblé des professionnels des médias, des acteurs de la société civile ainsi que des étudiants participants au concours d’éloquence. Cette année, le thème choisi pour célébrer cette journée est : « La solidarité internationale et l’autonomisation des communautés locales ». Ce thème constitue un appel urgent à mobiliser les efforts globaux et à unir les populations afin de bâtir un avenir plus sûr et digne.
Selon la Coordination humanitaire en République centrafricaine, 2,4 millions de personnes, soit 37,5% de la population, demeurent extrêmement vulnérables en 2025. Ce chiffre, en baisse par rapport à 2024, illustre une amélioration progressive de la sécurité dans certaines localités. « La situation humanitaire s’est améliorée grâce aux efforts conjoints du gouvernement et de ses partenaires, notamment la MINUSCA, qui œuvre à restaurer l’autorité de l’État », a déclaré Georgine Ouaby, chargée de mission au ministère de l’Action humanitaire. Elle a cependant rappelé que les besoins restent criants dans plusieurs régions, en raison notamment des attaques armées et des chocs climatiques.
En effet, malgré la récente amélioration de la situation sécuritaire dans certaines zones, les besoins humanitaires demeurent importants en République centrafricaine. De nombreuses régions du pays continuent de faire face à des violences quotidiennes. D’après le rapport d’OCHA, l’année dernière a été la plus meurtrière pour les acteurs humanitaires avec une recrudescence des attaques et des pertes humaines. Cette réalité est confirmée par Roseline Belizaire, coordonnatrice humanitaire : « La Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire s’inscrit dans un contexte mondial uni, alors que 2024 a été l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaires. 2025 s’annonce encore pire. Ces faits révèlent une vérité flagrante : le monde laisse tomber les travailleurs humanitaires et, par extension, les populations qu’ils servent ».
Les humanitaires continuent d’opérer dans un contexte très difficile, marqué par des attaques visant des centres de santé et d’autres infrastructures vitales, limitant ainsi l’accès des populations aux services essentiels. Malgré cela, 548 000 personnes vulnérables ont reçu une assistance humanitaire au premier semestre 2025.
Un des points majeurs abordés lors de la conférence a été la réduction des financements humanitaires. Le retrait de l’aide américaine, qui représentait près de 50% de la réponse en 2024, a fortement impacté les capacités d’intervention. Pour 2025, la communauté humanitaire estime avoir besoin de 326,1 millions de dollars pour venir en aide à 1,8 million de Centrafricains vulnérables, avec des priorités dans les secteurs de l’eau, de l’hygiène, de l’assainissement, de la sécurité alimentaire et de la santé.
L’importance de la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire ne se limite pas à une simple commémoration annuelle. Elle constitue un moment crucial de reconnaissance des sacrifices consentis par les travailleurs humanitaires qui œuvrent dans des conditions extrêmes pour sauver des vies. Au-delà de l’hommage, cette journée rappelle l’urgence de la solidarité internationale face aux crises complexes qui affectent des millions de personnes. Elle incite également à renforcer la résilience des communautés locales, essentielles dans la construction d’un avenir durable et pacifique. C’est un appel à l’engagement collectif, à la mobilisation des ressources et à l’action concertée afin de ne laisser personne derrière.
La Journée mondiale de l’aide humanitaire est donc bien plus qu’une célébration : c’est un appel à se lever et à agir ensemble pour reconstruire la paix. Car l’humanité s’écrit au pluriel, et sauver une vie, c’est déjà sauver l’humanité.
Par Ardy MAKELA (RAVOCI)