Bouar est une des villes du Nord-Ouest de la République centrafricaine qui a été relativement affectée par les dernières crises sécuritaires. Au-delà du calme qui règne dans la ville, les populations font face à de nombreuses difficultés. Parmi les principales cibles, les jeunes filles. Celles-ci n’arrivent pas à poursuivre leurs études jusqu’au bout à cause des mariages précoces récurrents dans la région.
Si la population de Bouar est à plus de 70% jeune, il n’en demeure pas moins que cette catégorie de la population fait face à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, la déscolarisation des jeunes filles. Selon nos investigations dans la ville, les filles âgées entre 14 et 16 ans sont souvent données en mariage par leurs parents. Une situation qui les empêche de poursuivre leurs études. D’une famille à une autre, les raisons de ce phénomène diffèrent. Une des victimes rencontrée dans le 2e arrondissement témoigne sous couvert de l’anonymat :
« J’ai été donnée en mariage par ma tutrice à l’âge de 15 ans. Aujourd’hui, je suis une jeune mère au foyer. Je n’ai plus la possibilité d’aller à l’école. Mes collègues avec qui j’ai démarré l’école ensemble vont composer le bac cette année. Je me retrouve à vendre des articles au marché pour survivre ».
Face à ces difficultés, certaines filles réussissent néanmoins à franchir le cap de Terminale, même si les statistiques de scolarisation des filles et des garçons à Bouar sont nettement disproportionnées. Manuela, une jeune élève de Terminale, témoigne :
« Bien évidemment que je suis une fille, mais je continue d’aller à l’école. Je vais passer le bac cette année. J’encourage toutes mes camarades à prendre en main leur avenir, malgré les difficultés ».
Le Président de l’Union des Parents d’Elèves de la Nana-Mambéré, reconnaît ce taux élevé de déscolarisation des jeunes filles à Bouar. Il invite les parents à faire preuve de responsabilité en laissant leurs enfants aller à l’école comme les garçons.
« Le phénomène s’explique par la précarité sociale dans laquelle vivent certaines familles. Du coup, certains parents n’ont pas le choix que de donner leurs filles en mariage. A certains niveaux, c’est le poids de la tradition » commente-t-il.
L’ampleur du phénomène nécessite des actions urgentes aussi bien de la part du gouvernement que des acteurs de défense des droits de l’enfant.
Avec notre correspondant à Bouar, Rufin MBOSSO
Share this content: