
Il est 11 heures dans la ville de Birao, située dans la préfecture de la Vakaga, au nord de la République Centrafricaine. Au quartier Djamal 2, une scène particulière attire l’attention : hommes, femmes et enfants se déplacent à dos d’âne, un animal devenu indispensable pour la population locale. Dans cette ville à l’environnement aride et sableux, où le manque de carburant complique le transport motorisé, l’âne est à la fois moyen de locomotion et outil de travail agricole.
Chaque famille de Birao possède au moins un âne. Pour Suzanne Édouard Zalla, qui se rend au quartier Djamal 3, cet animal est bien plus qu’un simple moyen de transport. « Sans lui, se déplacer serait un véritable calvaire. Il nous permet d’aller chercher de l’eau, de transporter nos récoltes et de voyager sur de longues distances sans nous épuiser », témoigne-t-elle.
De son côté, Ali Sale profite de cette saison sèche pour rassembler des provisions pour son âne, conscient de son importance capitale dans son quotidien. « Il faut bien en prendre soin, car sans lui, on est perdu », confie-t-il.
Mais malgré leur robustesse et leur endurance, ces animaux ne sont pas toujours dociles. Eléazar Azaria Waga en sait quelque chose : « Quand ils ne veulent pas avancer, il n’y a rien à faire. Ils s’arrêtent, et parfois, c’est à nous d’attendre qu’ils acceptent de bouger », dit-il en souriant.
Si l’âne est devenu le principal moyen de transport à Birao, c’est en grande partie à cause de la flambée des prix du carburant. Alors qu’un litre d’essence coûte 1100 FCFA à Bangui, il se vend à 2500 FCFA à Birao, rendant l’usage des motos et des véhicules presque impossible pour une grande partie de la population.
Face à cette situation critique, les habitants de Birao lancent un appel pressant au gouvernement pour une intervention urgente. « Nous avons besoin d’un approvisionnement plus régulier en carburant et à des prix abordables. Sans cela, la ville restera isolée et nous continuerons à dépendre entièrement de nos ânes », plaide un habitant du quartier Djamal 2.
En attendant une solution durable, les ânes restent les véritables rois de Birao, assurant à la fois mobilité et survie agricole dans cette ville du nord de la RCA.
Crédit photo : Elfege NGONZON
Par Gypson Elfege NGONZON