
Dans un contexte où la stabilité politique et la souveraineté de la République centrafricaine (RCA) sont régulièrement mises à l’épreuve, la Synergie Centrafricaine a réuni ce matin au stade 20.000 places de Bangui plusieurs leaders de la société civile autour d’une table ronde citoyenne. Organisée sous le thème « Menaces pour la sécurité et la souveraineté de la RCA », cette rencontre a été marquée par des échanges francs sur des sujets sensibles, notamment les cas récents de l’arrestation de l’ancien ministre Armel Sayo et du Belgo-français Figueira Martin Joseph le 25 Mai 2024 à Zémio dans le Haut-Mbomou.
L’objectif principal de cette initiative était d’appeler à une prise de conscience collective sur les enjeux actuels qui fragilisent le pays. À travers cette table ronde, la Synergie Centrafricaine a voulu interpeller les consciences et exhorter les citoyens, en particulier les leaders d’opinion, à dénoncer toute tentative de déstabilisation politique. « Préserver la souveraineté nationale est un devoir pour chaque Centrafricain », a martelé Eloge Koï Doctrouvé, coordonnateur de la plateforme organisatrice.
Selon lui, le pays reste encore limité dans la gestion de ses ressources stratégiques, malgré son statut d’État souverain. Il a appelé les leaders de la société civile à porter ce combat dans les communautés de base, afin de résister à toute forme de manipulation ou d’ingérence extérieure.
Invité spécial de cette rencontre, Maître Rigobert NTONDO a apporté une lecture juridique sur les cas évoqués, notamment celui d’Armel Sayo. L’avocat a précisé, en se fondant sur l’article 254 du Code pénal centrafricain, que la double nationalité ne saurait constituer un obstacle à l’action judiciaire nationale. Il a par ailleurs rappelé que ni le statut de travailleur humanitaire ni la nationalité étrangère ne confèrent une immunité contre des poursuites judiciaires. « Le droit humanitaire n’exonère pas la responsabilité pénale ou civile. Un travailleur humanitaire n’est pas un diplomate », a-t-il souligné avec insistance.
La rencontre a été marquée par la participation active de notables, de leaders religieux et de maires de plusieurs arrondissements. Tous ont salué cette initiative citoyenne et exprimé des préoccupations claires. Parmi les principales recommandations figure la nécessité de rompre avec la pratique qui consiste à accorder des postes de responsabilité à d’anciens chefs rebelles. « Une telle politique ne peut que nourrir l’impunité et fragiliser davantage la cohésion sociale », ont déclaré plusieurs intervenants.
Les échanges ont aussi mis en lumière la volonté collective d’œuvrer à une société plus juste, sécurisée et souveraine. La table ronde s’est ainsi conclue sur une série d’engagements visant à renforcer l’éducation citoyenne, à dénoncer publiquement les atteintes à la souveraineté et à promouvoir une gouvernance plus inclusive et responsable.
Fort du succès de cette première édition, les organisateurs ont annoncé la tenue prochaine d’une série de tables rondes dans les différents arrondissements de Bangui. L’objectif est d’élargir la sensibilisation à la base et d’impliquer davantage les communautés dans la défense des intérêts nationaux.
En RCA, où la paix reste fragile et les institutions encore vulnérables, cette dynamique participative apparaît comme un levier essentiel pour consolider l’unité nationale et garantir la souveraineté du pays sur le long terme.
Par la rédaction RAVOCI