
La menace des engins explosifs demeure une préoccupation majeure en République centrafricaine. Lors de la conférence de presse conjointe entre la MINUSCA et l’UNMAS le 11 Juin dernier, l’UNMAS a affirmé que depuis 2020, au moins 285 incidents liés à ces engins ont été enregistrés à travers le pays, affectant lourdement les populations civiles. Face à cette réalité alarmante, le gouvernement centrafricain, avec l’appui de partenaires internationaux, multiplie les efforts pour y faire face. Les conséquences de ces engins sont dramatiques : ils entravent la liberté de mouvement, tuent ou blessent des civils souvent des enfants ou des agriculteurs et retardent le retour des déplacés dans leurs villages. En outre, ils freinent le développement économique, notamment dans les zones rurales fortement dépendantes de l’agriculture.
Selon Sophie Van Royen, cheffe de programme de l’UNMAS (Service de lutte antimines des Nations Unies) en Centrafrique, ces incidents incluent des explosions de mines, d’engins explosifs improvisés (EEI), ainsi que d’autres munitions non explosées. « Ce chiffre est très probablement en deçà de la réalité, car de nombreux cas dans les zones reculées ne sont jamais signalés », a-t-elle précisé lors d’une récente rencontre avec les parties prenantes à Bangui.
Pour répondre à cette menace, le gouvernement a entrepris plusieurs actions institutionnelles. Le lieutenant-colonel Ghazaka, point focal national pour la lutte antimine au sein du ministère de la Défense, a présenté les avancées réalisées : « Nous avons mis en place une coordination nationale dédiée à la lutte contre les engins explosifs, et nous collaborons étroitement avec nos partenaires techniques pour renforcer les capacités nationales. » Pour la première fois, la République centrafricaine sera représentée aux réunions intersessionnelles des États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, qui se tiennent à Genève. Le lieutenant-colonel Ghazaka y participera pour présenter à la communauté internationale les progrès accomplis ainsi que les besoins du pays.
Concernant les instruments juridiques internationaux, le lieutenant-colonel a précisé qu’en 2025, il a travaillé en étroite collaboration avec l’UNMAS pour l’élaboration et la soumission du premier rapport de transparence de la RCA, portant sur l’année 2004, dans le cadre de la Convention. Il a également souligné qu’une étape-clé est désormais attendue : la signature d’un décret portant création, missions et organisation de l’Autorité Nationale de Lutte Antimine, qui marquera le véritable point de départ d’une appropriation nationale durable.
Parmi les partenaires clés, l’UNMAS joue un rôle central. Elle fournit une expertise technique, forme les forces nationales et soutient l’assistance aux victimes. En collaboration avec la MINUSCA, elle contribue au développement des capacités opérationnelles sur le terrain, notamment à travers des campagnes de sensibilisation au sein des communautés exposées.
Malgré les avancées, de nombreux défis persistent : l’absence d’infrastructures dans certaines zones, le manque de personnel qualifié, et la difficulté d’accès à l’information limitent l’efficacité des interventions. « Pour améliorer la réponse, nous devons renforcer notre présence dans les zones les plus touchées et continuer à développer les compétences locales », a rappelé Sophie Van Royen.
La lutte contre les engins explosifs en Centrafrique est un combat de longue haleine. Elle exige un engagement fort de l’État, un appui international durable, et la mobilisation de tous les acteurs. Protéger les civils et garantir un environnement sécurisé sont des conditions essentielles pour une paix durable et un véritable développement du pays.
Par la rédaction RAVOCI