
Initialement prévue le 3 mai, la Journée internationale de la liberté de la presse n’a pas été célébrée à la date convenue en République centrafricaine (RCA), le gouvernement ayant reporté les activités officielles à une date ultérieure. Ce report n’a cependant pas empêché les professionnels des médias et les acteurs de la société civile d’évaluer l’état de la liberté de la presse dans le pays, dans un contexte encore marqué par des défis persistants, mais aussi par de timides avancées.
Selon le classement mondial 2025 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF), la République centrafricaine se classe 72e sur 180 pays, gagnant quatre places par rapport à l’année 2024 où elle occupait le 76e rang. Cette progression, bien que modeste, reflète des efforts en matière de gouvernance des médias, mais également une meilleure appréciation de l’environnement politique par les journalistes.
L’indicateur politique, qui mesure notamment l’indépendance des médias vis-à-vis du pouvoir, s’est amélioré en passant de 87/100 en 2024 à 72/100 en 2025, soit une amélioration notable. Cette évolution suggère un climat politique légèrement plus favorable à l’expression journalistique, malgré la persistance de pressions informelles ou institutionnelles. En revanche, l’environnement sécuritaire demeure préoccupant. Bien que l’indicateur sécuritaire affiche une amélioration, passant de 93/100 en 2024 à 80/100 en 2025, la situation reste tendue pour les professionnels des médias, notamment dans les zones de conflit et les régions enclavées. Les menaces, intimidations, arrestations arbitraires et actes de violence physique contre les journalistes sont encore signalés, bien qu’en baisse par rapport à l’année précédente.
Dans certaines régions, l’accès à l’information est entravé par des conflits armés, des restrictions imposées par les autorités locales, ou encore la peur de représailles. Plusieurs journalistes centrafricains continuent de pratiquer l’autocensure, par crainte de représailles ou faute d’un cadre juridique protecteur.
En dépit des avancées observées dans les classements internationaux, les professionnels des médias en RCA estiment que le chemin reste long pour garantir une véritable liberté de la presse. L’absence d’une autorité de régulation pleinement indépendante, le manque de mécanismes efficaces de protection des journalistes, ainsi que la précarité économique des organes de presse limitent encore leur liberté d’action.
La Journée mondiale de la liberté de la presse est bien plus qu’une commémoration symbolique. Elle constitue un moment essentiel de réflexion sur le rôle fondamental des médias dans une société démocratique, sur la nécessité de garantir un journalisme libre et indépendant, et sur la responsabilité des États à protéger les professionnels de l’information. Cette journée permet également de sensibiliser le grand public aux enjeux de transparence, de pluralisme et d’accès à une information fiable, dans un monde de plus en plus menacé par les fake news, la désinformation et la censure.
La célébration reportée de cette journée internationale est perçue par certains comme un symbole du peu d’empressement des autorités à faire de la liberté de la presse une priorité nationale. Toutefois, d’autres y voient l’occasion d’organiser une commémoration plus inclusive et mieux préparée.
À l’occasion de cette journée, plusieurs voix s’élèvent pour appeler le gouvernement, les partenaires internationaux et les acteurs des médias à renforcer les acquis, tout en posant des actes concrets pour protéger les journalistes sur le terrain. Le respect du pluralisme, l’accès équitable à l’information publique et la fin de l’impunité pour les agressions contre les journalistes restent des priorités urgentes.
La liberté de la presse en Centrafrique connaît une évolution encourageante sur le papier, mais les réalités du terrain imposent de renforcer la sécurité des journalistes et de créer un environnement juridique, politique et économique plus favorable à l’exercice indépendant du journalisme. Le report de la célébration de cette journée devrait être l’occasion de repenser collectivement les conditions d’une presse véritablement libre et protégée.
Par Rédaction RAVOCI