
Chaque 7 mai, le monde célèbre la Journée mondiale des orphelins du SIDA, une journée qui attire l’attention sur les millions d’enfants ayant perdu un ou deux parents à cause du VIH/SIDA. En République centrafricaine (RCA), ce fléau continue de faire des ravages, laissant derrière lui des enfants vulnérables, souvent livrés à eux-mêmes et marginalisés.
Selon les données du ministère de la Santé et de la Population, environ 10,2 % des enfants de moins de 15 ans en RCA sont orphelins d’au moins un de leurs parents biologiques, dont 1,5 % ont perdu les deux parents. Bien que ces chiffres ne précisent pas combien sont directement liés au SIDA, ils reflètent l’ampleur du phénomène. La majorité de ces enfants vivent dans l’anonymat, sans prise en charge adéquate, ni protection juridique ou sociale. Dans plusieurs localités du pays, notamment en dehors de Bangui, ces enfants sont souvent hébergés par des membres de leur famille élargie, eux-mêmes confrontés à une extrême précarité.
La fragilité du système de santé et de protection sociale, combinée à l’insécurité persistante dans plusieurs régions, rend difficile toute réponse efficace à la détresse des orphelins du SIDA. Plusieurs d’entre eux se retrouvent dans la rue, forcés d’abandonner l’école, ou contraints de mendier pour survivre. D’autres tombent dans les réseaux de travail précoce, ou sont victimes d’abus.
Malgré les efforts de certaines ONG et associations locales, l’absence d’une stratégie nationale spécifique pour la prise en charge des orphelins du SIDA demeure un obstacle majeur. La coordination entre les ministères de la Santé, de l’Action sociale et de l’Éducation reste faible, et les ressources allouées à cette cause sont largement insuffisantes.
Pour les acteurs de la société civile, cette journée est un appel à l’action. Elle invite le gouvernement centrafricain et ses partenaires à mettre en place des mécanismes de soutien pérennes, incluant : des aides financières pour les familles d’accueil, l’accès gratuit à l’éducation et aux soins de santé, des campagnes de lutte contre la stigmatisation, et un suivi psychosocial adapté.
À travers cette journée, il s’agit aussi de briser le silence autour des orphelins du SIDA, souvent absents des débats publics. Ces enfants sont les victimes indirectes d’une épidémie qui continue de frapper la RCA, où le taux de prévalence du VIH reste l’un des plus élevés de la sous-région, avec une incidence particulièrement marquée chez les femmes.
En République centrafricaine, les orphelins du SIDA restent les grands oubliés de la lutte contre la pandémie. Cette journée mondiale doit être une opportunité de sensibilisation et d’engagement concret en faveur de leur prise en charge, de leur protection et de leur avenir.
Par la rédaction RAVOCI