
Longtemps, la coiffure africaine traditionnelle a été bien plus qu’un simple art esthétique : elle incarnait l’identité, le statut social, et la spiritualité des peuples africains. Chaque tresse, chaque natte, chaque coiffure sculptée racontait une histoire, symbolisait une appartenance, et représentait un précieux patrimoine culturel transmis avec soin de génération en génération. Pourtant, aujourd’hui, face à la montée des standards de beauté mondialisés, cette richesse se fragilise.
Dans les milieux urbains, les tresses et coiffures traditionnelles cèdent de plus en plus la place aux perruques lisses et aux défrisages chimiques, considérés comme plus pratiques et modernes. Ce changement, bien qu’attrayant pour beaucoup, soulève de profondes questions : quelle place reste-t-il pour nos héritages culturels ? Quel avenir pour le savoir-faire ancestral lié à la coiffure africaine ?
Dans les salons de coiffure, ce contraste est palpable. On y trouve les outils de coiffure tels que les peignes, mèches colorées, miroirs rétro mais aussi une clientèle de plus en plus attirée par la rapidité et la commodité des perruques. Merveille Houlbelfeyan, coiffeuse passionnée, alerte sur ce phénomène : « Avec l’essor des perruques, les jeunes filles se coiffent de moins en moins naturellement, ce qui entraîne un éloignement progressif des belles cultures africaines. Cela pénalise non seulement notre activité, mais aussi la transmission de notre patrimoine. »
Pour Edwige Ginmé, cliente habituée aux perruques, c’est avant tout un choix pratique, un gain de temps : « J’utilise la perruque parce que je n’ai pas le temps de me tresser, et puis c’est à la mode. Après, je peux la réutiliser, ce qui est avantageux. »
Cependant, ce phénomène ne va pas sans conséquences sociales. Esther Nzas, elle, met en garde contre les tensions familiales liées à cette nouvelle tendance : « L’arrivée des perruques, inconnues à notre époque, engendre des disputes dans les familles. Certaines filles se retrouvent dans des situations difficiles, allant parfois jusqu’à la prostitution pour s’en procurer. Je conseille de rester fidèles à nos tresses africaines. »
Ainsi, la disparition progressive des coiffures traditionnelles n’est pas qu’une question d’esthétique : elle représente un véritable enjeu de préservation culturelle. Car derrière chaque tresse se cache un savoir-faire ancestral, un lien avec nos racines que nous devons protéger pour assurer la continuité de notre identité africaine. Valoriser la coiffure africaine traditionnelle, c’est donc défendre une part essentielle de notre histoire, tout en permettant aux futures générations de porter avec fierté les symboles de leur culture.
Par Belise SEREMALET (RAVOCI)