
La justice populaire continue de s’imposer dans plusieurs régions de la République Centrafricaine, notamment dans les zones où l’accès à la justice formelle reste limité. Ce phénomène prend parfois une tournure dramatique, comme en témoigne un récent cas de violence survenu au quartier Gbaloko à 17 Km de la capitale Bangui sur l’axe Boali, dans la nuit du 16 au 17 avril. Nathalie Seranzapa, une femme de 55 ans, a été sauvagement tabassée, torturée, lapidée et ligotée par des membres de la famille du chef de quartier, sous prétexte de sorcellerie.
Selon les témoignages recueillis, la scène s’est déroulée dans l’indifférence ou la peur des riverains. Geneviève Kranedé, voisine de la victime, raconte : « J’étais choquée de voir qu’on traitait ma voisine ainsi. J’ai vu le chef de quartier lui-même couper des branches d’arbre et la frapper. Il a ordonné qu’on l’emmène dans une maison pour qu’elle « revienne » sur un sort qu’elle aurait lancé à une malade. »
Pulchérie Fei-Ingmona, belle-fille de Nathalie Seranzapa, dément catégoriquement les accusations. « Elle vit dans ce quartier depuis plus de deux ans et personne ne l’a jamais soupçonnée de quoi que ce soit. Le chef de quartier est même allé jusqu’à lui brûler des parties du corps avec du feu », affirme-t-elle.
La victime elle-même témoigne avec émotion : « Une femme est tombée près de moi, elle avait un choc au bras. J’étais assise sur le banc des choristes et je suis rentrée chez moi peu après. Le fils du chef de quartier m’a interpellée. Quand j’ai demandé pourquoi, il m’a menacée avec un couteau. Il m’a accusée d’avoir transféré ma douleur au pied sur cette dame et m’a traitée de sorcière. »
Malgré plusieurs tentatives, le chef de quartier a refusé de répondre aux questions de la Radio Voix du Citoyen.
L’affaire a été portée devant la justice formelle. Elle est désormais entre les mains du commissariat de l’Office Centrafricain de Répression des Banditismes (OCRB) de Lando, situé à PK13.
Par Rédaction RAVOCI