
Depuis plus d’une semaine, les villes d’Obo, Zémio, Mboki et Bambouti, dans la préfecture du Haut-Mbomou (sud-est de la Centrafrique), sont secouées par de violents affrontements entre les Forces armées centrafricaines (FACA), appuyées par leurs alliés russes, et les miliciens du groupe A Zandé Ani Kpi Gbé. Ces violences plongent la région dans une crise sécuritaire et humanitaire préoccupante. Pendant ce temps, d’anciens miliciens intégrés dans les rangs de l’armée dénoncent des arrestations ciblées et réclament un dialogue direct avec le gouvernement.
À Obo, la situation s’est brutalement tendue ce vendredi matin. Des rumeurs évoquant l’arrivée imminente de soldats russes pour désarmer de force les ex-combattants ont semé la panique. Des familles entières ont fui leurs domiciles : certaines se sont réfugiées dans les champs, d’autres dans les églises.
« C’est la peur qui pousse les gens à fuir. Les écoles sont fermées, les commerces aussi. Même les fonctionnaires n’osent plus aller au travail. La ville est quasiment vide. La population est traumatisée par les récents événements de Zémio et Mboki », témoigne Arsène Doukazima Kété, conseiller municipal d’Obo.
À Bambouti, le scénario est similaire. Une partie des habitants a quitté la ville vendredi matin, toujours à cause des rumeurs persistantes sur l’arrivée des forces russes. Du côté de Zémio et Mboki, un calme précaire est revenu après plusieurs jours de tensions. Cependant, la peur reste omniprésente. La majorité des habitants ont traversé la frontière vers la République démocratique du Congo ou trouvé refuge dans les lieux de culte. « La vie normale peine à reprendre », rapporte une source locale.
Ces affrontements ont un lourd impact sur les populations civiles. En plus des déplacements forcés, les services sociaux de base sont à l’arrêt. Les écoles et les centres de santé sont fermés, aggravant la vulnérabilité des habitants déjà fragilisés. Plusieurs localités se retrouvent aujourd’hui isolées, sans accès à l’aide humanitaire.
La situation sécuritaire dans la région demeure très volatile. Des patrouilles mixtes FACA-Russes continuent de circuler, mais leur présence est souvent perçue avec inquiétude par les populations locales. Les exactions passées, les arrestations arbitraires et les représailles nourrissent un climat de méfiance généralisée.
Pendant ce temps, les anciens miliciens A Zandé Ani Kpi Gbé intégrés dans les forces armées expriment leur mécontentement. Ils accusent les Russes de mener des arrestations arbitraires ciblées et appellent le gouvernement à ouvrir un dialogue direct.
« Nous avons été formés par les autorités et intégrés dans l’armée. Aujourd’hui, on nous arrête comme des criminels. Nous voulons un dialogue direct avec le gouvernement, sans les Russes », déclare Michée Komboyéki, ancien porte-parole du groupe.
Malgré une légère accalmie dans certaines villes, la peur continue de dominer. Les mouvements de population vers la RDC se poursuivent. Dans de nombreuses localités du Haut-Mbomou, les églises restent les seuls refuges pour les familles en détresse. La population, prise entre les violences, les rumeurs et l’incertitude, attend des mesures concrètes pour rétablir la paix et la sécurité.
Par la rédaction RAVOCI