
Chaque année, pendant les vacances scolaires, de nombreux enfants troquent leurs cahiers contre des plateaux de chenilles. On les retrouve le long des routes, dans les marchés et même dans les bars, vendant cette denrée très prisée. Derrière ce commerce apparemment banal se cachent pourtant de nombreux risques et conséquences sur leur santé, leur sécurité et leur avenir.
En longeant la route de Gobongo jusqu’à PK11, le constat est saisissant : des garçons et des filles âgés de 8 à 13 ans, tenant des plateaux ou des sachets plastiques remplis de chenilles, interpellent les passants et les automobilistes. Maëlle, une fillette de 11 ans, raconte : « C’est ma mère qui m’envoie vendre les chenilles pour subvenir aux besoins de la famille. Moi, je fais attention avant de traverser la route. C’est bien de vendre, mais parfois, quand on va dans les bars, il peut y avoir des problèmes. Une fois, un enfant a renversé de la bière sur un client et cela a mal tourné… »
Pour Archange, 8 ans, la motivation est la rentrée scolaire : « C’est ma mère qui m’envoie vendre pour qu’elle puisse économiser et payer ma prochaine rentrée. Je fais toujours attention pour ne pas me faire heurter par un véhicule. »
Si ces enfants sont en première ligne, c’est aussi parce que leurs mères y voient un avantage économique. Une vendeuse rencontrée sur place l’avoue : « Les gens préfèrent acheter les chenilles directement chez les enfants que chez nous. On ne dit pas que ce n’est pas risqué, mais parfois on n’a pas le choix. Lorsqu’ils vendent bien, cela nous permet d’avoir un peu d’argent pour nourrir la famille. »
Pourtant, cette pratique expose les enfants à de multiples dangers : accidents de circulation, agressions dans les bars, vols ou encore exploitation économique. Ces activités les privent aussi d’un véritable moment de repos et de loisirs pendant les vacances, indispensable à leur équilibre.
Nzi Adoum, coordonnateur du Centre pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Enfant (CPDE), rappelle que la loi centrafricaine punit l’exploitation économique des mineurs : « Envoyer un enfant travailler dans des conditions dangereuses est interdit et passible de sanctions. Ces enfants devraient profiter de leurs vacances pour se reposer et se préparer à la rentrée scolaire, pas risquer leur vie pour vendre. »
Malgré les sensibilisations, le phénomène persiste, souvent lié à la pauvreté des familles. Mais il soulève une question cruciale : en compromettant leur sécurité et leur éducation, ce commerce met en péril l’avenir de toute une génération.
En cette période de vacances, pendant que d’autres enfants jouent ou se reposent, ceux de Gobongo et d’ailleurs sillonnent les routes pour quelques pièces, au péril de leur vie. Entre survie et enfance sacrifiée, leur avenir se joue sur le fil.
Crédit Photo : OUTHI TES-NDAGBIA
Par : Chancellor OGALAMA